Les grands esprits se rencontrent. [PV. Grace Gordon]

Monday, august 18.

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Meeting, bustling meeting.*

Le Soleil avait englobé la capitale britannique entière dans sa lumière chaude et vivifiante. L'astre lumineux était installé dans un décor miraculeusement bleu azur immaculé, le ciel. Zéphyr, comme diraient certains, le vent était pour une fois absent, ou presque. Des bribes rafraîchissaient l'atmosphère londonienne doucettement, balançant les feuilles des imposants platanes du grand parc de Londres. Au loin, le Big-Ben sonnait huit heures et trente minutes. Les plus tôt levés sortaient de leur appartement dont les vitres diffusaient la chaleur solaire, avec leur cartable emportant ordinateur portable ou dossiers importants. Mais certains ouvraient tout juste leurs volets ou tiraient leurs rideaux en baillant profondément. Les autres restaient au lit, encore deux minutes, cinq minutes, une heure. Enfin, il y avait ceux qui partaient à l'Hyde Park faire leur séance de sport ou de balade quotidienne, tout comme la jeune femme à la silhouette svelte et aux cheveux hâlés aux reflets caramélisés qui faisait son footing tranquillement sur les chemins souples du parc. Juliet, vêtue d'un jogging court et d'un survêtement assortis, faisait sa séance de sport comme tous les matins en cette période de vacances.

iPod en main et cheveux au vent, la jeune femme regardait droit devant elle, comme s'il fallait atteindre un objectif. Il y en avait bel et bien un qui n'était autre que d'entretenir sa forme. Soucieuse de son apparence, Juliet s'était fixée un calendrier sportif pour organiser tous ses entraînements. Elle avait d'ailleurs planifié tous ses événements et rendez-vous prévisibles pour toute sa prochaine année universitaire qu'elle allait délicieusement commencer dans moins d'un mois. Juliet avait plusieurs 'journées-type' dans son quotidien : celle de la jeune femme scotchée à son ordinateur en train de retoucher et retoucher divers clichés, ou encore celle de la Miss coquette sortant avec ses amies pour s'user les talons à faire du shopping. Autrement, la journée sportive comme celle-là où Juliet prenait soin de son corps. Et enfin, la journée d'études où la belle passait la journée à la faculté étudier le graphisme. Ce train de vie 'normal' convenait parfaitement à cette femme à demi comblée de vingt-deux ans. Mais ces journées 'modèles' n'étaient que la première facette de la vie que menait Juliet. En effet, la jeune femme cachait aux humains dits 'normaux' qu'elle était une chasseuse de vampires. En général, c'était à sa mère Marilyn et son frère Jack de partir aux recoins louches chasser ces êtres extrêmement nuisibles. Juliet, elle, tenait plutôt le rôle de l'espionne pour repérer les potentiels clans. Elle n'a jamais eu a utiliser son arme à feu lors d'un combat contre un vampire. D'ailleurs, elle n'a jamais combattu en corps-à-corps. Juliet n'a jamais été dans une situation de réel danger, bien que celui-ci soit toujours présent pour une chasseuse comme elle.

Mais alors que Juliet, perdue dans ses pensées les écouteurs dans les oreilles, sortait sa bouteille d'eau pour boire un coup, une silhouette plus petite que la normale mais à la démarche des plus gracieuses apparaissait à l'autre bord du lac central du parc. Sa peau lisse était semblable à de la porcelaine ; ses lèvres charnues maquillées de rouge contrastaient exagérément son teint extrêmement pâle. Sa robe grisâtre et enveloppante laissait découvrir ses formes. Ses cheveux bruns étaient en parfaite harmonie avec ses deux pupilles sombres et profondes de regard. La personne décrite n'était autre que Grace Gordon, l'être opposé de Juliet par excellence. Elle devait se promener dans le parc, non en courant. L'air penseur, la jeune vampire - depuis deux ans maintenant - semblait attendre quelqu'un. William Gordon, son frère ? Ou tout simplement Juliet, par hasard ? En toutes circonstances, Juliet n'avait aucune envie, de si bon matin, de ne serait-ce qu'accorder un regard à cette machine à tuer enclenchée par un grand frère cruel et meurtrier. Et pourtant, passer devant la jeune femme était une issue obligée ; revenir en arrière serait trop voyant, surtout pour Grace, ayant hérité d'une vision exceptionnelle. Justement, Grace était en train de s'avancer de quelques pas, lentement mais sûrement. Juliet ralentit elle aussi. Le moment fatidique arriva : les deux femmes se fusillaient du regard avant que Juliet ne lâche un “Bonjour” presque inaudible.

Une journée de plus venait de commencer pour Grace. La jeune femme, vampire depuis deux longues années maintenant, avait toujours du mal à s'habituer à la vie nocturne. Elle avait longtemps cru que c'était comme dans les films d'horreur, vous savez, on devient vampire et hop ! Du jour au lendemain on dort le jour et on vit la nuit. Mais non, en réalité c'était loin de se passer comme cela. En réalité, elle arrivait toujours à être étonnée de pouvoir sortir à la lumière du jour, comme un être humain normal. C'était fou les idioties que l'on pouvait raconter, dans les films !
En cette radieuse journée d'août, la jeune femme avait décidé - une fois n'est pas coutume - d'aller se promener quelques heures dans Hyde Park.

Le matin-même, elle avait enfilé une robe toute simple, d'un gris délavé mais qui malgré sa coupe classique était des plus seyantes. Ses cheveux impeccablement coiffés encadraient son visage d'albâtre, faisant ressortir ses yeux qu'elle avait maquillé de noir. Elle errait depuis un bon moment sans but particulier lorsqu'en débouchant d'une allée transversale elle remarqua au loin une silhouette qui lui était bien trop familière. Bon sang, même ici elle était poursuivie par cette sale Montgomery ?
Impassible, elle décida de s'approcher lentement. De toute façon, il n'y avait aucune échappatoire, elles se croiseraient inévitablement. Alors autant faire au plus court. Grace attendit quelques temps sans bouger, histoire de voir si Juliet faisait demi-tour ou pas, et ce fut avec un certain amusement qu'elle la vit poursuivre sa route. Bien, au moins elle ne lui ferait pas l'affront de lui tourner le dos. Cela méritait bien que la vampire fasse quelques pas...

Lorsqu'elles arrivèrent à la hauteur l'une de l'autre, se fusillant du regard, se jaugeant une énième fois, Juliet lâcha un "Bonjour" presque inaudible, et Garce esquissa un sourire en coin. Elle ne put retenir une remarque amusée.

"Miss Montgomery est sociable, aujourd'hui... Tu m'épates, vraiment."

Puis, allongeant le bras pour poser sa main sur l'épaule de Juliet, elle la retint un moment. Son sourire s'élargit alors qu'elle lançait à la jeune femme :

"Tu ne restes pas discuter un moment avec ta vieille amie ? Je t'ai connue plus polie..."

[HJ : Désolée c'est un peu court, je ferai mieux par la suite ! ^^]

Les meilleures ennemies qui se rencontrent dans un contexte des plus banals. Grace aurait très bien pu ne pas être là. Mais elle était bel et bien

. Elle se dressait devant Juliet, et le parc était à ses pieds. Elle aurait pu être quelques centaines de mètres plus loin, hors du champ de vision de Juliet et vice-versa. Mais elle était là, toujours en face de Juliet, avec son visage glacial et incroyablement serein. Tout cela juste pour gâcher la belle matinée qu'avait commencé Juliet.

Les regards étaient vifs. Les deux femmes se cherchaient l'une de l'autre avant que Grace ne réponde d'un ton d'un brin sarcastique une remarque amusée. Juliet regarda son interlocutrice de haut. Elle ne se laissait pas impressionner, bien loin de là. Ne voulant en aucun cas engager la conversation, Juliet retourna les talons et ouvrit la bouche pour lancer une dernière réplique, mais Grace allongea son bras aussi blanc que la traînée que venait de laisser un avion dans le ciel. C'était presque terrifiant. Sa main fine et parfaitement manucurée vint se poser fermement sur l'épaule gauche de Juliet afin de la retenir. Grace prononça une phrase l'incitant à discuter avec elle avant que Juliet ne fit volte-face. Grace présentait un large sourire que Juliet connaissait bien. La jeune chasseuse lâcha :

« Bravo Grace, tu as gâché ma journée. T'es contente ? »

Ses yeux ne quittaient pas d'un seul millimètre ceux de Miss Gordon. Il fallait que Juliet se calme. Sa fureur ne devait pas s'enflammer dans un endroit aussi fréquenté. Elle prit une bouffée d'air frais et ajouta posément :

« De quoi veux-tu parler, au juste ? Si c'est pour me rabacher qu'vous voulez tous me tuer, c'est pas la peine, je suis déjà au courant. »

Juliet leva les sourcils et fit un signe de la tête. Elle voulait en finir, et vite. Mais ses jambes refusaient catégoriquement de pivoter pour se diriger vers la sortie opposée du parc.

***

L

e temps était pluvieux en ce mars 2000. Malgré cela, Juliet, alors âgée de treize ans, se baladait aux alentours de la maison familiale, sous l'œil protecteur de Marilyn Montgomery. Une minute d'inattention, et voilà votre enfant envolé. Quand Marilyn rabattu le rideau, July n'était plus là. Celle-ci n'était en fait qu'à quelques mètres plus loin ; elle était simplement en retrait du champ de vision de sa mère. C'est alors qu'une fillette de l'âge de Juliet surgit du décor assombrit par les nuages et la pluie. Sa peau était incroyablement pâle, aussi pâle que celle d'une âme errante, d'un fantôme. Elle était simplement vêtue d'une jupe évasée noire impeccablement repassée, d'un chemisier blanc à carreaux immaculé et de collants assortis à la jupe. Elle portait des ballerines également noires aux pieds. On aurait dit un uniforme d'écolier, mais pourtant, cette scène se déroulait un samedi après-midi. La jeune fille ne portait ni manteau ni veste. Juliet émit un “Bonjour” presque inaudible, mais c'était sa voix qui faisait cela. Une petite voix frêle glacée par le froid environnant. Son interlocutrice répondit de même, mais celle-ci avait l'air perdue dans ses pensées, attristée, dans un autre monde. Elle regarda Juliet d'un mauvais œil et lui demanda son nom d'un air hargneux. Juliet fit de grands yeux et, intimidée, répondit de sa voix d'ange :

« Juliet. Et toi ? »

Soudain, sa mère apparut derrière elle et cria “JULIET !”. La jeune fille à la peau de poupée de porcelaine répondit d'un ton grave qu'elle se nommait Grace... Gordon. Alors c'était elle... La fille Gordon que Marilyn avait tant parlé... La vampire ! La petite sœur du meurtrier de son père ! Juliet savait qu'elle était la cible numéro un des Gordon, elle était témoin d'un meurtre, mais surtout future chasseuse à l'avenir prometteur. Peut-être qu'une fillette en moins calmerait les Montgomery.

« Nos destins se croisent aujourd'hui... »

C'est ce que Juliet venait de murmuer à Grace. Elle repartit ensuite dans la direction de la maison familiale.

"Bravo Grace, tu as gâché ma journée. T'es contente ?"

La vampire fit semblant d'être vexée, une jolie moue boudeuse sur son visage d'albâtre. En réalité, elle se moquait bien de la jeune chasseuse. Elles avaient le même âge, et auraient pu être amies si le destin n'en avait pas décidé autrement. Depuis leur naissance, elles étaient prédestinées à se haïr, à se maudir jusqu'à la mort.

"De quoi veux-tu parler, au juste ? Si c'est pour me rabacher qu'vous voulez tous me tuer, c'est pas la peine, je suis déjà au courant."

Grace fit mine d'être peinée par les paroles de Juliet, même si en réalité la jeune femme avait raison. Les Gordon voulaient la mort des Montgomery, ce n'était un secret pour personne. Cependant, aujourd'hui, Grace avait tout simplement décidé que, puisque le destin avait décidé de les confronter ce matin-là, elle allait simplement s'amuser un peu sur le compte de cette peste de Juliet. Son sourire revenant éclairer son visage, elle répondit à la jeune femme en tenue de sport :

"Tes paroles sont blessantes, Juliet. Vraiment. Moi qui voulais simplement m'enquérir de ta santé... Tu sembles souffrante, d'ailleurs..."

Elle approcha une main du visage de la jeune humaine et posa sa main glacée sur le front de la Montgomery.

"Tu ne devrais pas courir autant, c'est mauvais pour ta santé... Tu as l'air fiévreuse.... C'est sans doute les nerfs. Tu n'as pas l'air heureuse de me voir..."

Elle retira sa main bien vite avant que Juliet n'ait envie de la lui couper pour l'affront, et un léger rire sortit de ses lèvres entrouvertes. Un rire, ou plutôt un ricanement. Grace adorait se payer la tête de son ennemie, c'était viscéral. Autant que la haine qui déchirait le coeur des deux jeunes femmes. Dire qu'elles auraient pu être amies... Dans une autre vie, peut-être...

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Flashback

"J'ai rencontré Juliet Montgomery, aujourd'hui."

Grace Gordon, treize ans, revenait du quartier où vivaient les Montgomery. Elle venait de croiser la fille de l'homme qui avait été assassiné par son frère. Une fillette des plus banales, en fin de compte. Grace avait été déçue de voir qu'en fin de compte, les membres de cette famille ne semblaient guère plus dangereux que des moustiques un soir d'été. Lorsqu'elle raconta à son grand frère la rencontre, rapidement suivis des hauts-cris de Mrs Montgomery, William sourit et enlaça sa soeur, chose qu'il ne faisait que très rarement. Il l'entraîna ensuite dans sa chambre et eut une longue discussion avec elle, sur l'avenir de leur famille, sur les Montgomery et le danger qu'ils représentaient, puis il avait hâtisé la haine de la fillette en lui rappelant que c'était eux les responsables de la mort de leurs parents, qu'ils devaient payer le prix fort pour cela, et Grace s'était jurée de venger sa famille. William avait eu le père de Juliet, elle-même tuerait le reste de ces odieux rats d'égoût. Elle vengerait ses parents, même si elle devait y perdre la vie...

Fin du Flashback

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Non, décidément, elles n'auraient jamais pu être amies. Grace ne quittait pas des yeux cette peste de Juliet. Elles n'allaient certainement pas se battre ici, devant tout le monde, mais le jour viendrait où la jeune vampire aurait enfin l'occasion de venger ses parents.

**Papa, Maman, je vous vengerai, très bientôt, je vous en fait la promesse...**

L

a scène était presque banale. Presque répétitive, mais on pouvait à tout moment avoir droit à une surprise. Juliet Montgomery et Grace Gordon en bonnes ennemies, qui se rencontrent dans un hasard et un contexte étonnants. Néanmoins, ce n'était pas la première fois que les deux jeunes femmes se confrontaient ou se cherchaient des yeux. Il y eut cette rencontre, huit ans plutôt. À cette époque, les deux fillettes auraient très bien pu être les meilleures amies du monde, si seulement leurs géniteurs respectifs ne se cherchaient pas la guerre toutes les deux minutes. Une amitié enfin possible entre une banale humaine et une vampire... cela aurait pu faire un best-seller dans les rayons romans jeunesse. Si seulement Juliet ne se serait pas appelée Montgomery et Grace ne se serait pas nommée Gordon... Rendez-vous compte comment la vie quotidienne peut être bouleversée à une chose prêt...
Bien sûr, après la rencontre, s'en suivirent d'autres. Mais à partir de la deuxième, chaque fillette savait l'identité de l'autre, et surtout, l'appartenance à une famille particulière. Un regard en glaçait un autre, et vice-versa. La provocation était également au rendez-vous. Comme deux lions se tournant autour, prêts à faire découvrir leurs crocs et à attaquer à tout moment.

Juliet soupira et secoua la tête. Elle était tout le contraire de 'souffrante'. Oh, Grace avait un sacré don pour provoquer les gens, Juliet le savait. Heureusement, la jeune femme n'était pas de nature impulsive et maîtrisait ses nerfs. Grace plaqua doucement sa main glaciale sur son front humidifié par la transpiration. Grace émit son faux 'diagnostic'. Mais elle avait vu juste sur un point : Juliet était loin d'être ravie de sa présence. Elle retira de suite sa main dans un petit sursaut. Ses lèvres maquillées d'un rouge intense formèrent un léger sourire pour permettre à Grace d'émettre un ricanement fort désagréable. Juliet émit un léger rire accompagné d'un “Pfffff”. Grace n'avait pas accepté qu'elle était imperturbable, même au sujet de son père. Elle avait l'habitude de ses discussions avec sa meilleure ennemie. Mais Juliet ne tenait pas de sa mère au niveau des émotions. Elle savait se contrôler depuis le drame terrible qu'elle avait vécu.

« Cela fait huit ans que tu n'as toujours pas compris que je me fiche de tes petites provocations. Mais j'avoue qu'elles sont bien trouvées... »

Grace commençait par la provocation, Juliet répondait par la provocation.

***

J

uliet avait tourné les talons et se dirigeait en direction de sa mère qui allait sûrement la sanctionner si elle ne venait pas dans les secondes qui s'écoulaient. Gordon... ce nom qu'elle entendait trop souvent lors des conversations de sa mère avec son grand frère. Pourtant, Grace paraissait bien plus fragile que Juliet. Mais ce que la jeune Montgomery ne savait pas encore, c'était que Grace Gordon allait devenir une machine à tuer, entièrement contrôlée par son grand frère, bien plus redoutable. Juliet fut contrainte à répondre à un véritable interrogatoire de sa mère, Marilyn. « Qui était cette petite fille ? Quel est son nom ? Elle t'as parlé ? », et Juliet faisait ce qu'elle pouvait pour répondre et surtout, calmer sa mère. Car quand celle-ci apprit que sa fille avait rencontré la fille de vampires ignobles dont les meurtres sont indénombrables, et surtout la petite sœur du meurtrier de son mari, elle avait lâché un « QUOI ? » qu'on aurait pu entendre dans toute la rue. La question fatale avait été posée. « Lui as-tu dit ton nom ? ». Une erreur, pardonnable. Juliet avait prononcé son prénom en premier, elle n'avait même pas dévoilé son nom de famille. Grace, de part le nom de la rue, avait dû deviner par son simple prénom.

C'est ainsi que la haine emplit les deux jeunes filles, montées l'une contre l'autre.

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